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PMA : notre parcours.

Qu’est-ce que j’ai rêvé de pouvoir écrire un jour ces quelques lignes…

Vous l’avez vu sur les réseaux sociaux si vous me suivez, c’est avec une grande émotion que j’ai pu vous partager qu’Aurore et moi attendons un enfant pour fin juillet. Cela me fait tellement drôle de l’écrire, je n’y crois pas.

Je ne sais même pas par où commencer ! Ce que je voudrais partager ici, c’est notre parcours un peu particulier qui nous a amenées à ce cadeau. Lorsque nous nous sommes lancées dans cette aventure, j’ai peiné à trouver des informations ou des témoignages sur internet, je n’arrivais pas à m’identifier aux jeunes femmes et je ne comprenais rien à ce que cela allait être. Aussi, je me suis toujours dit qu’un jour, je pourrais donner un témoignage franc, clair, sur ce que j’ai vécu, pour peut-être permettre à d’autres couples de femmes de trouver des réponses dans ces moments tellement incertains.

Pour ceux/celles qui ne le savent pas, je suis en couple avec une femme, Aurore, depuis 9 ans, et nous sommes mariées depuis bientôt 3 ans (!). J’ai toujours voulu avoir des enfants, et si avant elle je fréquentais hommes, il n’a jamais été question de renoncer à ce désir parce que je suis avec une femme, même lorsque je l’ai rencontrée à 21 ans et la loi pour le mariage pour tous encore une utopie.

Aurore, elle, n’a jamais eu cette envie. Je ne m’étalerai pas sur son parcours de vie, mais elle ne ressentait pas ce besoin et percevait mal comment trouver sa place en tant que parent. Le temps a fait son travail, j’ai appris la patience, j’ai attendu qu’elle soit prête. Je ne vous cache pas que ces quelques années ont été extrêmement longues pour moi. Certaines femmes qui ont vécu ce désir inassouvi et avec qui j’ai pu partager ce sentiment me comprennent, une fois que votre tête, que votre corps tout entier a décidé qu’il était prêt et qu’il y avait une place pour faire entrer un enfant dans votre vie, l’attente devient vite très très difficile et peut tourner à l’obsession. J’attendais son top départ et il ne venait pas. Et il était hors de question d’entamer cette aventure avec une personne qui n’en avait pas vraiment envie, ou qui l’aurait fait juste pour me faire plaisir. Car on ne fait pas des enfants pour ces raisons. Je savais que ce qui nous attendait ne serait pas facile, aussi je voulais être sûre à 1000% de former une équipe solide pour affronter ces nouveaux obstacles, comme nous avons dû le faire par le passé.

Puis un jour, comme une demande en mariage, comme un cadeau de Noël en avance, le 23 décembre 2016, au restaurant jap’, épuisées après une journée à déménager, elle m’a murmuré, tremblante : “Je suis prête.” BOUM. Ca a fait BOUM dans mon coeur.

L’aventure pouvait enfin commencer.

Il ne s’offrait pas à nous 15 possibilités : l’insémination avec donneur anonyme, l’insémination avec donneur connu, l’adoption. Nous avons mûrement réfléchi et nous ne souhaitions pas intégrer une personne extérieure à ce projet de couple, même un ami, et l’adoption reste encore une fausse possibilité en France, car nous savions bien que notre dossier passerai en bas de la liste d’attente, mais surtout j’avais ce désir de porter notre enfant.

Nous avons trouvé une clinique en Espagne, à San Sebastian, la clinique Quiron exactement. Nous les avons contactés par téléphone. Une partie de l’équipe parle français, aussi nous avons eu un accueil chaleureux et rassurant. Ils nous ont communiqué une liste d’examens médicaux à faire en France avant de venir les rencontrer : prises de sang, groupe sanguin, taux d’hormones, hystérosalpingographie, carytoype, frottis… J’ai tout de suite pris rdv avec un gynécologue à Dax (je n’en avais pas encore), dont je suis ressortie traumatisée du rendez-vous ! Il a été froid, limite méprisant, et surtout culpabilisant : “Quoi ? Vous ne connaissez pas exactement vos cycles ? Va falloir vous intéresser à tout ça sinon ça marchera jamais !”, bref, je suis sortie en larmes, persuadée que j’avais raté le premier test pour être mère. J’ai finalement trouvé un autre médecin, une jeune femme, qui m’a rassurée et qui m’accompagne depuis.

Une fois tous ces examens faits, et surtout l’hystérosalpingographie (compliqué à prononcer hein !), l’examen le plus douloureux de ma vie ! Chaque femme est foutue différemment, mais je peux vous dire que j’ai souffert comme jamais, j’étais en larmes, tremblante, c’était horrible. Oui, je préfère être honnête, quitte à faire peur à celles qui devront le faire 🙂 C’est juste que quand le médecin vous dit “Vous allez ressentir un léger tiraillement, comme une douleur de règles”, et que là, vous avez l’impression qu’on vous déchicte l’intérieur, y’a une nuance. Encore un examen inventé par des hommes 😉

Bref, 1er rendez-vous pris avec la clinique ! Lors de cet échange avec le gynécologue sur place, elle vous explique tout le déroulé. Ce moment est un peu particulier, car je pensais qu’on allait me dire “rendez-vous dans 1 semaine !”, on m’a d’abord dit que mes résultats n’étaient pas très bons et qu’il fallait faire des examens complémentaires. Mais on nous a aussi parlé chiffres. Les cliniques privées espagnoles gagnent beaucoup d’argent grâce aux patientes françaises qui viennent chez eux. Et pour se différencier, ils se mettent en avant grâce à leurs statistiques. C’est très dénaturant quand vous venez avec un rêve d’enfant, mais cela permet d’être face à une réalité. Ce que nous avons appris : à moins de 30 ans (j’en avais encore 29), la 1ère insémination nous donne 46,67% de chances que cela marche. Nous pouvons en faire jusqu’à 4, et le % de réussite augmente à chaque fois (pour finir vers 92% !). Nous avions aussi près de 21% de chances (ou pas héhé) d’avoir une grossesse multiple. Le prix d’une insémination ? Cela varie selon les cliniques. Nous avons payé 1500 € pour un traitement.

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L’attente angoissante à la clinique. J’ai peur, qu’est-ce que je fais là ?


Nous avons signé beaucoup de papiers concernant le donneur qui, bien sûr, reste anonyme. Nous avons quelques petites informations “physiques” sur lui, mais nous n’avons rien choisi. C’est la clinique qui fait une sélection en fonction du physique de la deuxième maman. Elle est blonde, la peau claire, les yeux verts, le donneur a donc des similitudes. Nous ne connaîtrons jamais son identité et lui la nôtre.

Le 1er appel à la clinique a eu lieu en janvier 2017, le premier protocole a démarré en juillet, et ces quelques mois ont été d’une longueur abominable, car on vous renvoie sans arrêt d’un médecin à un autre, des examens, des trucs… et ici à Dax, les délais pour avoir un rdv chez un spécialiste sont très longs.

Je vais essayer d’être concise sur le protocole, qui s’est passé comme ça pour moi :

2ème jour des règles, ça démarre. J’ai dû me piquer dans le ventre 1 fois par jour à heure fixe avec une seringue de Fostimon, une hormone folliculo-stimulante. Vers le 6ème jour, tous les 2 jours, une prise de sang et une échographie (tout en continuant les piqûres). En fonction des résultats, ils vous disent soit de continuer, soit que vous êtes bien “mûre” et qu’il faut être présentes dès le lendemain à la clinique pour l’insémination. La veille, une nouvelle piqûre cette fois-ci d’Ovitrelle qui déclenche l’ovulation. Ils font deux inséminations sur 2 jours consécutifs pour augmenter les chances. Ce moment est très rapide, 10 min, très très douloureux pour moi (mais pas pour la majorité des femmes je crois). Vous ressortez de la clinique au bout de 20min. Ensuite, j’ai suivi un traitement d’Utrogestran, de la progestérone sous forme d’ovules 3 fois par jour à 8h, 16h et minuit (pratique…).

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Le traitement quotidien.


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Mon ventre était marqué de petits bleus à cause des piqûres quotidiennes.


Dès le lendemain de l’insémination, j’ai eu de grosses complications. Je ne détaillerai pas trop ici car elles ne sont pas “générales”, et pas dues à un problème dans le traitement, mais à une “réaction” dont aucun médecin n’a trouvé l’explication. J’ai été hospitalisée en urgence, j’ai vu plusieurs doc’, personne n’a trouvé pourquoi je souffrais autant, je hurlais de douleur, littéralement.

La suite, je l’ai écrite sur le coup, j’avais besoin d’écrire pour évacuer ce que je ressentais chaque jour. Je vous livre brut mon ressenti :

Mardi 25 juillet 2017 :

Je me réveille avec un mal de ventre. Je comprends tout de suite que je dois me préparer à l’échec. Je me lève et je file faire ce test de grossesse que j’attends depuis 15 longs jours. Il est négatif et je saigne. Je me sens vide, en souffrance, pleine de tristesse et un sentiment d’injustice immense. Depuis l’insémination, je me sens enceinte, je me suis comportée comme une femme enceinte. Les médecins m’ont annoncé que j’étais enceinte (lors de mon séjour aux urgences). Mais ce matin, j’ai tout perdu, j’ai l’impression de ne pas avoir été à la hauteur, que mon corps a échoué. Mais il faut accepter. Tout de suite. Mon corps a tellement souffert depuis 1 mois. Il ne m’appartenait plus, il n’était qu’un tas d’hormones, gonflé, lourd et douloureux. J’ai l’impression d’avoir tout donné, d’avoir livré mon ventre à ces tests, ces piqûres, ces ovules, ces médicaments, ces échographies, ces prises de sang, ces avis médicaux, amicaux, et de ne pas avoir réussi à m’écouter, moi.

Je ressens aussi une forme de soulagement, car 15 jours, ce n’est rien, mais c’est énorme. Enorme lorsqu’on a décidé de se lancer dans l’aventure il y a 8 mois.

L’idée même de reprendre les traitements, l’attente, les rendez-vous, les douleurs, cela me donne envie de vomir. Alors je pense que d’autres couples vivent des situations comme celle-ci depuis plusieurs années et que je me dois d’être forte, que je n’en suis qu’à notre premier échec. Et je me sers un verre de vin, pour me laisser souffler un peu.

Après avoir laissé mon corps et ma tête se reposer pendant quelques mois, nous avons repris le traitement fin octobre 2017. Avec cette fois-ci une double dose de Fostimon, et la reprise intense des douleurs. Nouveau passage aux urgences, à Paris cette fois-ci, où mon ventre enfle et où je suis pliée de douleur, encore en larmes. On m’annonce que cette fois-ci, j’ai fait une réaction opposée, une hyper-stimulation ovarienne. En gros mes ovaires sont énormes, ce qui déforme mon ventre et accentue mes douleurs déjà inconnues de la médecine. J’en peux plus, je suis épuisée, shootée toute la journée aux anti-douleurs, Aurore me retrouve parfois par terre, pliée, à ne pas pouvoir me relever, attendant 20 min que la douleur s’atténue pour pouvoir migrer vers mon lit.

Mardi 7 novembre 2017 :

Je n’en peux plus d’attendre. 15 jours que les inséminations ont eu lieu. J’ai des tensions dans le ventre, j’ai peur à chaque seconde qu’elles annoncent des règles. Je me gave d’oursons en chocolat, du coup j’ai mal au ventre, et je panique encore plus. J’ai l’impression que chaque photo, vidéo sur Instagram, Youtube, à la télévision me montre des jeunes femmes enceintes et tellement heureuses.

Je me prépare autant à l’échec qu’à la réussite demain, jour du test de grossesse. Je m’imagine que c’est négatif, et j’en ai déjà les larmes aux yeux. Puis j’imagine que c’est positif et je me culpabilise de me projeter et d’oser imaginer le meilleur. A rendre folle. Je me sens stupide que cela tourne à l’obsession, mais je vous assure que quand votre corps ne vous parle plus, alors que, nous les femmes, notre corps est toujours très clair sur ce qui lui arrive, c’est très déstabilisant.

Demain, soit cette grande porte va s’ouvrir et me/nous proposer une perspective, des projets, un avenir, soit elle va rester fermée, silencieuse, vide, et je devrais retourner à la case départ.

Mercredi 8 novembre 2017 :

Je me suis réveillée à 3h avec une sorte de crise d’angoisse. Mon coeur qui bat à toute vitesse, je n’arrive plus à respirer, je crois qu’il est 7h du matin, mais nous sommes en plein milieu de la nuit. Impossible de me rendormir. Tant pis, je vais le faire ce test, maintenant, j’ai trop attendu. Je vais aux toilettes, je tremble de tout mon corps, je ne sais pas si je suis prête à encaisser une mauvaise nouvelle. Immédiatement, une barre horizontale apparaît sur le test. Je fonds en larmes, le test est négatif. Je tremble et je pleure. Je me lave les mains et alors que je m’apprête à jeter le test, je vois une barre verticale qui se forme petit à petit et un “+” apparaître. Oh mon Dieu, ça a marché. Ca a marché. Ca a marché. Je suis enceinte. Les larmes coulent encore, mais de soulagement, je suis à la limite de la crise de nerfs. Je respire et je retourne au lit. Aurore m’a entendue me lever.

“Je peux te montrer quelque chose ?” Je lui montre le test. C’est parti.

La suite, je la raconterai dans mon prochain article, où je vous partagerai mon 1er trimestre : angoisses, nausées, fatigue… bref, de grands classiques 🙂

Ce post est très très long, mais je ne pouvais pas passer à côté d’informations dont moi j’ai manquées pendant notre parcours. J’espère avoir aidé peut-être certaines femmes en projet. Je sais aussi que beaucoup de personnes s’interrogent sur comment on a fait. Nos amis ont posé leurs questions, mais d’autres n’osent pas, idem pour nos familles. C’est une grande inconnue. Beaucoup de questions se posent aussi sur la manière dont on aborde le fait d’être deux mamans, de ne pas connaître le donneur etc. Ce sont des sujets particuliers, et je serais contente de pouvoir apporter mon avis dessus, n’hésitez pas à m’interroger, j’y répondrai. Je préfère toujours qu’on me pose les questions plutôt qu’on me regarde comme un bête de foire ou qu’on s’imagine des choses.

Aujourd’hui, de très nombreux couples, hétérosexuels ou homosexuels sont obligés de passer par ces protocoles longs, douloureux et incertains. On en parle peu, pas assez je trouve. On nous fait toujours un peu croire qu’une grossesse est un cadeau tombé du ciel, mais ça ne fonctionne pas toujours comme ça, en tout cas pas pour tout le monde. J’espère qu’un jour, un couple de femmes pourra accéder à la PMA de la même manière qu’un couple hétéro, en France. Car il s’agit du même désir, du même combat, il ne s’agit pas d’un caprice, d’une envie subite d’avoir moi aussi un bébé, j’espère que vous l’avez compris en lisant ces lignes plus haut.

Je n’ai aucune certitude d’être une bonne mère, ni d’offrir la meilleure situation à un enfant. Ce que je suis sûre de pouvoir lui apporter, c’est de l’amour, des parents qui l’aimeront qui qu’il soit, et un foyer sécurisé. Pour le reste, on fera de notre mieux, on se trompera sûrement, comme tous les parents.

J’espère que vous lirez cet article avec bienveillance…

Merci de m’avoir lue ❤

MC.

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PS : toutes ces photos ont été prises au fur et à mesure, pour nos souvenirs personnels, vous me pardonnerez ces images pas très quali 🙂

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