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L’IMPAIR : Chapitre #4

Pour lire ou relire les chapitres #1, #2 et #3, suivez les liens ci-dessous !

 

L’équilibre était totalement inversé.

Aurore m’avait couru après pendant des mois, j’avais joué de mes charmes, je l’avais poussée à bout, et je l’avais rejetée. Et maintenant, j’étais là, à espérer un signe d’elle et elle me laissait.

Mais pas tout à fait. Nous n’abordions désormais plus ce sujet-là, mais nous passions nos journées et nos nuits ensemble. Nous trouvions chaque jour un prétexte pour continuer de se voir après le travail, et le plus souvent, elle finissait par dormir chez moi. Il ne se passait absolument rien. Nous étions juste inséparables. Soudées. Chaque heure passée séparées l’une de l’autre devenait problématique. Sans se dire les choses encore une fois, nous cherchions sans arrêt des solutions pour être toutes les deux.

Nous dormions chez moi, dans le même lit, sans s’embrasser, sans se prendre dans les bras, sans être en couple, mais notre relation dépassait tout ça. Chaque seconde était un délice. Une relation extrêmement fusionnelle, mêlant amitié et amour. Je vivais tellement dans un monde parallèle que je ne réalisais même pas que j’étais, en réalité, déjà infidèle. Car oui, j’étais toujours en couple. Et plutôt heureuse, même si nous nous essoufflions un peu. Pas de disputes, pas de soupirs, il ne m’énervait pas, il était fidèle à lui même, tout était presque normal finalement.

J’avais deux vies.

D’un côté, je restais persuadée que ce garçon que je connaissais depuis le lycée était l’homme de ma vie. Il ne me venait même pas à l’esprit qu’une autre voie soit possible, que je pouvais ne pas finir mes jours avec lui. Il n’y avait pas de plan B. Un seul plan: lui. Nous passions encore du temps ensemble, mais nous ne cherchions plus, je crois à en passer plus, à se dégager du temps l’un et l’autre.

De l’autre côté, comme un dédoublement de ma personnalité, je vivais ces instants avec Aurore et je faisais tout pour les prolonger. Elle me fascinait. Je la trouvais tellement énigmatique, je ne parvenais pas à lire qui elle était. Mais j’avais confiance. J’étais prête à m’abandonner totalement à elle, sans pour autant savoir qui elle était. 

Moi qui étais si sage, moi qui me couchais si tôt, avec un rythme très “enfant” encore, moi qui ne prenais aucun risque, qui ne me laissais jusque là jamais avoir par l’imprévu, je ne voyais d’un coup aucun inconvénient à ressortir de chez moi à 1h du matin pour aller la retrouver à l’autre bout de la capitale et errer ensemble dans les rues toute la nuit. Lorsque je repense à cette période, je suis fascinée et effrayée. En effet, j’avais une double vie, et je ne prenais aucun recule. J’ai mené ces deux vies sans me poser la question de la finalité. Sans me demander où j’allais. Ni qui j’allais pouvoir faire souffrir. Je ne pensais pas au cœur d’Aurore, ni à celui de mon copain. J’obéissais à mon instinct, et le monde n’existait pas.

Les semaines s’écoulaient, le temps passa. Ma relation avec Aurore devenait de plus en plus forte. Les gens disaient « Aurore et Marie-Clémence », nous ne formions qu’une(s). Et je continuais de mener ces deux vies. Une à deux fois par semaine, je retrouvais mon copain, et nous passions la nuit ensemble. Il m’accompagnait à mes réunions de famille, j’allais aux siennes, nous étions bien. Et chaque seconde du reste de ma vie était consacrée à aimer Aurore.

Et je n’avais toujours pas mon baiser.

Je lui réclamais, souvent. Elle me le refusait, toujours.

Je lui demandais pourquoi, je l’implorais, mais elle refusait. Un soir, alors que nous sortions d’un concert avec des amis, nous marchions dans la rue, derrière le groupe. Seules, je la fixais et lui demandais, pour la 100ème fois, de m’embrasser.

Elle me répondit :  “Non, pas ce soir, ce n’est pas le bon moment.”

“Il n’y a pas de bon moment !”, lui répliquais-je.

Elle me dit : « Le jour où on s’embrassera, on s’en souviendra, cet instant sera exceptionnel. Ca ne peut pas être ici, bêtement, dans la rue. »

Comme à chaque fois, ce soir-là, nous sommes rentrées chez moi, et nous avons passé la nuit à parler de tout, se regarder sans se toucher. Elle devait prendre un train à l’aube le lendemain.

Elle se leva pour partir. J’étais allongée, somnolente. Elle se pencha vers moi, me fixa et m’embrassa.

 

La suite très vite ❤

MC

MC ET AURORE-4

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