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L’IMPAIR : Chapitre #2

Pour lire le chapitre #1, c’est ici !

 

J’étais toujours en couple avec mon copain, on se voyait 2-3 fois par semaine et j’en étais très heureuse, mais je vivais sans arrêt dans la projection de notre couple dans le futur. Il était une image. On était une image. On s’aimait profondément, on était aussi les meilleurs amis, les meilleurs soutiens mais on ne vibrait déjà plus. Nos deux chemins de vie commençaient petit à petit à prendre des directions différentes.

Je voyais Aurore dans mon groupe d’amis / collègues tous les jours et presque tous les soirs. Elle faisait partie de mon quotidien. Elle me faisait rire. Beaucoup. Elle racontait les histoires, elle racontait les gens avec tellement de justesse, elle observait, remarquait tout. Je la trouvais impressionnante, drôle, mystérieuse. Je crois que je ne me souviens même pas de m’être interrogée sur sa sexualité à elle. On ne parlait pas vraiment de nos vies privées. Je ne sais pas, je ne m’en souviens pas. Elle n’a jamais caché qu’elle aimait les femmes, mais je ne crois pas qu’elle en parlait. Je ne la voyais pas comme “la copine lesbienne”, juste comme une personne qui faisait partie de ma vie et dont, petit à petit, je ne pouvais plus me passer. On était tellement différentes, je voyais que l’on venait de deux mondes étrangers, que nos personnalités n’avaient rien à voir. J’étais la petite bourgeoise, jeune, douce, polie, réservée, calme. Elle avait 8 ans de plus, elle était drôle, extravertie, sociable, elle aimait sortir, se bagarrer, vivre à 100 à l’heure…

Puis un matin, je me suis levée pour aller à ce stage comme tous les jours, mais en m’habillant, je m’en souviens très bien, j’ai voulu lui plaire. À elle. Juste à elle. D’un coup, j’ai commencé à penser pour elle. J’étais déjà assez féminine, mais encore très “ado”, et j’ai eu soudain ce besoin d’exploser. Je n’avais rien perçu entre nous encore, mais d’un coup, je voulais qu’elle me trouve belle, très belle. Je voulais me démarquer des autres. Je ne voulais plus être sa petite collègue, je voulais qu’elle ne voit que moi. Je ne me demandais pas ce que je ressentais pour elle. Mais je savais ce que je voulais qu’elle ressente pour moi.

J’ai commencé à porter des robes tous les jours, des jupes crayon, des hauts plus féminins, sexy, des escarpins, un maquillage plus “femme”… Je faisais très attention à ses regards. Je voulais la surprendre en train de me regarder. Je voulais être sa seule obsession. C’est devenu une sorte de fil rouge pour moi. Je crois que jamais je n’avais ressenti ça.

Et je sentais que ça fonctionnait. Je ne me le disais pas clairement, mais je sais que je le savais. Elle me regardait. Et ce jeu de séduction est devenu une dépendance. On s’écrivait des messages tous les jours. Sans se dire les choses, mais ne pas se voir une journée devenait problématique. L’effet de groupe nous aidait beaucoup, car on ne se voyait que rarement toutes les deux. Chaque fois que je recevais un SMS, mon coeur (NB : j’ai d’abord écris “mon corps” – lapsus – ) se serrait. Chaque sonnerie de téléphone me rendait dingue, même si c’était juste pour parler travail. L’idée même qu’elle puisse m’écrire un message à moi, juste à moi, qu’elle fasse la démarche de chercher mon nom dans son répertoire suffisait à faire ma journée.

Un soir, nous avons fait la fête comme souvent avec des collègues dans un bar. Tout le monde était ivre. Un jeu bête et gentil s’est installé dans le groupe. Aurore devait, ainsi qu’un autre collègue, embrasser tout le monde un par un, juste un baiser sur la bouche pour rire, comme ça. Mon coeur s’est emballé, j’allais tomber dans les pommes ! Elle a fait le tour, embrassé chaque personne puis, arrivée à mon niveau, mon coeur s’est arrêté.

Je la fixais.

Je devais être rouge, ou très blanche je ne sais pas, mais le temps était suspendu.

Et alors que tout s’arrêtait autour de nous… elle a feint de ne pas me voir, elle est directement passée à la personne suivante, elle ne m’a pas embrassée.

J’étais abasourdie. Triste. Honteuse. Le coeur brisé. Elle m’ignorait, elle n’avait pas envie de moi. Pire, peut-être que je la dégoûtais au point qu’elle ne veuille pas m’embrasser même pour un jeu. J’ai vu rouge. J’étais en colère. Contre moi. Pas contre elle. Contre moi ! Comment avais-je pu croire un instant que ma parade fonctionnait ? Comment avais-je pu croire qu’une personne pouvait éprouver du désir pour moi ? Quelle idiote ! Petite bourgeoise frustrée, qui n’arrivait pas à dégager quelque chose, qui n’arrivait pas à rayonner. Je me détestais.

En fait, elle venait de passer la seconde.

 

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Photo d’époque 🙂


La suite très vite ! Hâte d’avoir vos retours. Merci de m’avoir lue ❤

MC

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