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Coming out à ma mère

Aujourd'hui, je vais vous raconter mon coming out à ma mère. Je vous ai raconté l'autre jour le moment où j'ai dis à mon père que j'étais amoureuse d'une femme, Aurore. Sa réaction a été celle de filtrer ce qu'il ressentait pour me rassurer immédiatement de son amour malgré ses craintes.

Ma mère était en fait à l'entrebaillement de la porte, elle avait tout écouté. Elle était en état de choc. Littéralement. Immobile, en pleurant.

J'ai tout de suite sorti mon discours habituel qui fonctionnait avec toutes les personnes à qui j'avais annoncé ça jusque là : je suis amoureuse d'une femme, je suis heureuse, elle est super, on ne fait de mal à personne blabla.

Mais avec elle, ça n'a pas marché. Elle a été envahie par ses peurs et tout ce qu'on lui avait raconté de l'homosexualité dans son éducation et la religion :

"Tu vas vivre en marge de la société toute ta vie !

- Comment peux-tu te dire que c'est une bonne idée de faire ça ?

- Tu confonds amitié et amour !

- Tu as des relations trop fortes avec les gens, tu ne mets pas de limites et tu te perds

- Je suis ta mère et je sais que tu n'es pas homosexuelle

- Que vont dire les gens de notre famille ?"


Pour que vous compreniez sa position: lorsque j'ai sorti mon livre, qu'elle n'a pas lu bien sûr, elle m'a juste dit: "J'ai une remarque sur le titre. je ne suis pas d'accord avec toi, on choisit qui on aime".

Voilà, vous avez saisi.


Pendant des semaines, des mois, ça a été l'enfer. Dès que je prononçais le prénom d'Aurore, elle pleurait. Dès que je disais "On a fait ci ou ça ce weekend", je l'entendais soupirer puis pleurer au téléphone.

Ca a été la goutte de trop. Elle ne dormait plus. C'était à cause de moi. Elle était triste, c'était à cause de moi.

Là où mon père a su filtrer ce qu'il pensait, elle ne mettait aucun filtre et me déversait ses propres peurs.

Et ce qui me rendait folle, c'est que je comprenais que ça puisse mettre du temps, je comprends qu'on n'a pas tous les mêmes bagages et facilités à s'adapter à l'inconnu, mais ce qui était difficile c'est qu'elle ne voulait pas changer d'avis. Elle ne voulait pas évoluer. Et ça me brisait le coeur.


Notre relation s'est écroulée. Il y a eu un avant et un après. Clairement. Une période douloureuse car personne ne veut faire pleurer sa mère.

Les mois sont passés, j'ai forcé la rencontre entre Aurore et mes parents qui s'est très bien passée car ils ont vu, de leurs propres yeux, que j'étais avec une femme merveilleuse et que j'étais heureuse.


Le temps et de très nombreuses heures de discussions mais aussi de larmes ont fait avancer les choses. Aujourd'hui j'ai une relation bien plus saine avec ma mère et je vis cette nouvelle relation comme un cadeau. Elle ne projette plus rien sur moi puisque je ne suis pas la fille qu'elle pensait avoir. Et moi, j'ai fait un long travail pour me détacher de son regard désapprobateur et me concentrer sur ma vie à moi.

Nous nous entendons bien, les choses sont apaisées.


Je crois qu'au fond d'elle, elle aura toujours préféré que je sois avec un homme. Je crois qu'elle pense toujours que j'ai fait un choix inconscient et stupide d'aimer une femme. Qu'elle ne comprend pas pourquoi je me suis engagée dans cette histoire. Que les choses auraient été plus simples sans sortir du droit chemin. Même si elle adore Aurore et nos filles. Mais ça, ce n'est pas ma responsabilité et c'est son histoire, son travail.


Moi, je suis en paix.




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