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Burn out : sauver sa peau et changer de vie.

Hello !

Je suis heureuse de vous retrouver sur le blog pour un nouvel article ! Cela fait quelques mois que je veux vous partager mon expérience sur ce bouleversement professionnel, psychologique et physique (rien que ça) qui m’est un peu tombé dessus. Je vous ai partagé quelques bribes de ce qu’il m’arrive sur Instagram, mais je ne suis jamais entrée plus en profondeur dans le sujet qui, pourtant, mérite des lignes supplémentaires 🙂

Je travaille depuis que j’ai 20 ans. Si vous avez lu mon livre “On ne choisit pas qui on aime” (Ed. Flammarion), je parle d’un premier stage à Paris où j’ai rencontré Aurore en 2008. C’est cette même société qui m’avait engagée à l’époque en CDI. Depuis plus de 12 ans donc, je travaille à temps plein. Je ne me suis jamais arrêtée. Je ne suis pas restée dans la même boîte, mais j’ai toujours travaillé, avec une énergie folle. Sans compter mes heures. Parce que ça me ressemble. Lorsqu’on me fait confiance pour une mission, je m’investis totalement, et je ne supporte pas de faire des erreurs. J’aime contrôler.

Ces 6 dernières années, j’étais chargée de production dans une société faisant essentiellement de la production de films institutionnels. “Chargée de production” n’était que mon titre, mes fonctions étaient bien plus larges. Je gérais les équipes, le management, les plannings, l’organisation des tournages, la relation avec les clients, la comptabilité, la RH, la facturation, les rendez-vous du patron, le démarchage de nouveaux prospects, la rédaction de dossiers clients, la gestion des bureaux et petites affaires quotidiennes de la société etc. Je cumulais plusieurs postes à moi-même. Au fur et à mesure des années, je me suis vue confier de plus en plus de nouvelles tâches, tout simplement parce que j’étais efficace. J’en ai conscience, ma volonté de bien faire et de satisfaire a toujours été un atout énorme pour ceux qui m’ont embauchée. Je suis efficace, rapide, tout en faisant en sorte que chacun se sente bien.

6 ans donc, où j’ai consacré mes journées, mes soirées et pas mal de weekends à travailler. Sans jamais dire non. Aucune limite. J’essaie de trouver les mots, mais il est difficile d’établir à quel moment ça a “dégénéré”. Peut-être à la naissance de Charlie. Je m’y étais préparée, mais je crois que son arrivée à tout bousculé. Je me suis rendue compte que je donnais toute mon énergie à satisfaire un patron, une société qui, à part un bon salaire, ne me donnait absolument plus rien en retour. Je terminais mes journées de plus en plus épuisée moralement et physiquement. Je faisais des cauchemars toutes les nuits à ce sujet, cherchant à résoudre des problèmes du travail pendant mon sommeil, par manque de temps la journée. Je crois que j’aimais cette sensation d’être “indispensable”, d’être nécessaire au bon déroulement des choses. Il y a 3 ans, j’ai décidé de quitter Paris et nous sommes venues vivre dans le Sud Ouest. Miracle, alors que je pensais me réorienter professionnellement, mon patron me propose de garder mon poste, mais à distance. Je démarre alors le télétravail. Je suis heureuse car j’aime être tranquille pour être plus efficace, et je me dis que j’arriverai à prendre un peu mes distances avec la surcharge de travail, arrêter de rentrer tard le soir etc.

La distance physique m’a aidée, je me suis réellement épanouie en travaillant à la maison (je vous ai écrit un article sur ce sujet justement !), mais la charge de travail, elle, n’a pas diminué, voire a augmenté. Et il est devenu quasi impossible de maintenir les limites entre mes vies personnelle et professionnelle.

En mai dernier, vous le savez, j’ai sorti un livre. Il faut d’ailleurs absolument que je vous raconte toute cette aventure ! Du jour au lendemain, je me retrouve à participer à des débats, des talk, des émissions de tv, radio, presse papier… Je suis heureuse de tout ça, mais je ne ressens rien. Coquille vide. J’essaie juste d’assurer, partout. Lors des itvs, dans mon travail, à la maison. Il n’est pas question de gestion du temps, car ça, j’y arrive, c’est même le coeur de mon métier. Mais de gestion de charge mentale.

Je suis de plus en plus fatiguée, déprimée. Je ne dors pas bien, je suis en permanence en état d’alerte. Et je me rends aussi compte, en étant écoutée et accueillie lors des événements autour de la sortie du livre, qu’à mon travail, je ne fais que donner sans recevoir.

Je parle souvent avec Aurore de quitter ce travail, mais ce discours, je le tiens depuis des années. “Un jour, je partirai !” Mais je veux trouver un nouvel objectif professionnel, ne pas partir sans savoir où je vais. Alors je repousse sans arrête l’échéance, espérant surtout que les choses s’améliorent toutes seules. Je gagne bien ma vie là-bas, je connais par coeur mon poste, je travaille de chez moi et j’ai une place avec responsabilités. Pourquoi partir ?

Puis fin mai, tout implose.

Charlie est très malade. Elle refile même ses microbes à Aurore, qui est clouée au lit. Je suis à Paris, j’ai un shooting photo de prévu et je travaille, mais je dois rentrer en urgence à Dax et emmener Charlie aux urgences. Je me retrouve dans cette chambre d’hôpital avec ma petite fille dans mes bras, hurlant, elle a perdu 1,5 kg et doit être hospitalisée. Aurore ne peut rien faire, elle ne peut pas bouger de la maison. Je tiens ma fille qui est perfusée, tentant de la calmer depuis des heures car je ne peux pas la poser. Avec les deux doigts qu’il me reste de disponibles, j’essaie de répondre aux emails du travail depuis mon portable professionnel, puis de répondre aux quelques demandes pour mon livre avec l’autre téléphone. Une bonne mère devrait tout couper et se concentrer sur son enfant, mais je n’y arrive pas. Je n’arrive pas à dire non, à dire stop, et j’essaie tant bien que mal d’assurer partout. Cette semaine est un enfer. Je n’ai plus de bras à porter mon bébé depuis des heures, je commence à suffoquer.

Nous rentrons à la maison le lendemain avec un bébé épuisé, Aurore qui reprend vie et moi qui tente de tenir le coup et de rattraper mon retard au travail. Deux jours après, je suis invitée, grâce à Romain Costa (merveilleux architecte et blogueur à découvrir si ce n’est pas encore fait !), à participer avec lui à une conférence pour la première Magical Pride chez Disney. Nous partons toutes les trois à Paris. Le matin du départ, je suis prise de vomissements. C’est mon tour d’être malade. J’en pleure. Dans quelques heures je dois être sur scène pour parler et j’ai de la fièvre. Mais on y va. Je gère la journée comme je peux, mais le weekend est horrible. Je suis très malade, et je n’ai plus aucune force. Je reste dans la chambre d’hôtel (j’oublie vite le parc d’attractions !) et je pleure, je ne peux rien manger, je ne peux pas bouger. Je perds près de 4kg en 3 jours. Je suis en détresse psychologique et physique comme je ne l’ai jamais été. Et Aurore dit stop. Dès mon retour à Dax, elle me pousse à prendre un rendez-vous chez le médecin.

Son verdict est immédiat. C’est un burn out. Mon corps ne veut plus rien me donner pour avancer. Le doc veut m’arrêter minimum 1 mois. Je refuse, paniquée à l’idée d’arrêter de travailler et de laisser tomber les équipes. Je le supplie, je négocie et j’obtiens le minimum syndical, 2 semaines. Dans ma tête, je me dis surtout que je vais m’arrêter 3 jours et recommencer de travailler en secret, mais au moins Aurore sera satisfaite.

Les premières 48h sont affreuses. Je suis déprimée et épuisée. Je suis allongée dans le canapé, comme paralysée par ce qui m’arrive, par ce manque d’énergie que je ne connais pas. Que vais-je faire de ma vie ? Je dois quitter ce travail ? Mais pour faire quoi ? Dire adieu à un bon salaire, à une bonne place pour faire quoi ? Je n’ai plus aucune perspective et surtout, surtout, un manque de confiance en moi démesuré. Je me sens incapable de tout et je me déteste. Je vis tout cela comme un échec que je ne me pardonne pas.

Puis les jours passent, et à force de longues discussions avec Aurore qui me montre par A+B que l’on peut continuer de vivre financièrement sans ce bon salaire, sans être à la rue, et qui tente de me redonner confiance, je décide de partir.

Je vais à Paris, en plein arrêt de travail, et je vais annoncer à mon patron que je m’en vais.

C’est fini.

J’ai l’impression de faire un saut dans le vide immense. Encore une fois. J’ai peur de l’inconnu, je n’ai aucun filet, je n’ai pas d’autre travail en perspective, je suis incapable de me sentir à la hauteur pour faire autre chose. Et fin juillet, je suis officiellement au chômage. Le mois d’août, ce sont les vacances, et je n’ai pas l’impression d’être sans emploi, je n’y pense presque pas, j’essaie juste de reprendre des forces et de profiter des autres.

Je ne sais pas à qui envoyer mon CV, je ne sais pas ce que je veux faire, aucune idée. Puis je suis contactée fin août d’abord par mon ami Nicolas qui me propose de le rejoindre pour organiser un festival d’humour digital en 2020. Ce n’est pas du temps plein, mais je peux être indépendante, travailler un peu quand je veux, et ça court jusqu’à mars. Je suis partante, évidemment ! Puis c’est le journaliste et présentateur Olivier Delacroix que j’ai rencontré sur le tournage d’un documentaire en janvier (je vous tiens au courant de la diffusion !), qui recherche une assistante pour gérer son agenda, à distance encore. Quelques heures par jour. Je fonce aussi.

Je créé mon statut d’auto-entrepreneur et je deviens officiellement ma propre chef. C’est tellement libérateur ! Je gagne 2 fois moins d’argent que par le passé, mais je suis libre. Et c’est si bon ! Je n’ai pas encore trouvé ma “passion” professionnelle, mais je veux m’investir dans ces missions et réapprendre à travailler dans une bonne mesure.

Mais le mois de septembre est compliqué, et encore à l’heure où j’écris ces lignes, je ne vais pas “bien” à proprement parler. Je pensais que de quitter ce travail suffirait à me redonner la pêche, mais les dégâts du burn-out vont bien au-delà, je les ai sous-estimés, je me suis sur-estimée. Je manque de concentration, je ne suis pas aussi efficace que par le passé, je suis très angoissée dès que je dois travailler, me poser, et surtout, ma confiance en moi à tout simplement chuté. A pic. Je pense qu’encore aujourd’hui je ne me pardonne pas d’avoir échoué et d’avoir été “vaincue”. Et je suis un peu traumatisée par ces derniers mois qui ont été intenses.

C’est ça, la surcharge mentale, c’est ça, le burn-out. Ce n’est pas une explosion interne qui a lieu seulement à un instant T, c’est une petite destruction de soi qui nécessite un processus de reconstruction qui peut être long.

Alors je prends le temps, Aurore est d’une grande patience et supporte mon besoin maladif de contrôler tout ce qui bouge et mon dégoût de moi-même en ce moment.

Lorsque j’ai partagé mon désir de tout plaquer pour changer de vie professionnelle, vous avez été très très nombreuses à m’écrire pour soit me demander conseil, soit me dire que vous aussi vous aviez ou vous étiez en train de vivre cette expérience. Puis vous m’avez interrogée récemment pour savoir comment je me sens aujourd’hui, est-ce que tout cela valait la peine ?

Ce que je peux dire en “retour d’expérience”, c’est qu’à aucun moment, je ne regrette d’avoir quitté ce travail. Pas une seconde. C’est comme une rupture amoureuse, on a peur de la solitude, de l’inconnu, mais quand on ne s’épanouit plus, ça n’a aucun intérêt de rester. Je suis 100 fois plus heureuse aujourd’hui, loin de ce travail qui me dévorait. Etre indépendante et ma propre patronne me va très bien, j’aime gérer mon temps comme je le veux, j’en passe d’ailleurs beaucoup plus avec Aurore et Charlie. Mais je dois apprendre à travailler de manière mesurée : apprendre à vivre les secondes plus lentement, apprendre à faire des pauses, et surtout reprendre confiance en moi. Et ça, ça ne se passe pas en quelques semaines, mais ça viendra !

Je ne peux que donc vous encourager à sauter le pas si votre travail ne vous épanouit pas. Il n’y a aucune raison de s’imposer un boulot qui vous ruine moralement et/ou physiquement. Parce que c’est comme pour tout dans la vie, vous méritez mieux, et le temps passe vite, alors évitons de passer 40h par semaine au mauvais endroit.

Merci de m’avoir lue, je ne pensais pas que ce texte serait aussi long, j’espère ne pas avoir été ennuyeuse !

A très vite.

MC

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