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Allaitement : mon expérience

Hello !

J’espère que vous allez bien !

Cet article traîne dans mes brouillons depuis un moment. Je peine à avancer sur celui-ci car tout simplement, les choses évoluent à toute vitesse avec un bébé !

Je voulais vous partager dans ce post les premières semaines avec Charlie, ma petite fille née le 22 juillet. En particulier, j’avais envie de vous parler de mon expérience de l’allaitement. Peut-être que cela pourra aider des futures mamans ?

J’ai souhaité allaiter Charlie dès le début. Je n’ai pas de position ultra affirmée sur ce sujet, je respecte autant celles qui le font et celles qui n’en ont pas envie, mais j’avais la curiosité d’essayer l’allaitement et d’offrir la meilleure nutrition possible à ma fille.

Mais tout ne s’est pas passé comme prévu. Dès les premiers jours, ce fut l’enfer. L’allaitement était extrêmement douloureux pour moi. Et je pèse mes mots. Même après avoir passé l’étape de l’accouchement, j’avais l’impression que cette douleur était aussi insurmontable. Allez savoir pourquoi, mais le fait qu’elle tête à mon sein me faisait très très mal. J’avais l’impression qu’elle avait des lames de rasoir à la place de la bouche ! Je tremblais à chaque fois que je la voyais me regarder et montrer les premiers signes de la faim, car je savais que j’allais souffrir pendant les minutes suivantes. J’en ai pleuré, accrochée à Aurore qui me faisait souffler pour passer la douleur.

J’en ai bien sûr parlé avec les sage-femmes de la maternité, qui n’ont rien pu faire. Oui, j’allais souffrir quelques temps, me disaient-elles, et oui, les femmes avec la peau très claire comme la mienne et très fine souffrent parfois tout le temps, sans amélioration.

Cela m’épuisait et je déprimais, me disant que les prochaines semaines allaient être rudes.

A la montée de lait au bout de deux jours, j’ai carrément fait un oedème, avec une nuit terrible à la maternité. Je vous laisse imaginer le tableau peu glorieux et quasi ridicule : Charlie hurle de faim, je n’ai plus de lait qui sort, mes seins sont enflés, et j’ai deux sage-femmes chacune à un de mes seins en train d’essayer de tirer mon lait avec un tire-lait manuel, et moi, épuisée, fiévreuse et en larmes de voir ma fille pleurer en étant incapable de subvenir à ses besoins primaires.

La nuit la pire du séjour ! En plus, nous devions rentrer à la maison le lendemain. J’étais dans un état de fatigue extrême. Et lorsqu’à 4h du matin, la sage-femme m’a proposé de prendre Charlie avec elle et de me/nous laisser dormir, j’ai ressenti un sentiment d’échec énorme. Même les sage-femmes ne me pensaient plus assez solide pour m’occuper de mon bébé. Elles me disaient : “Vous avez besoin de dormir. Vous verrez les choses différemment demain.” J’ai pleuré longtemps dans les bras d’Aurore, persuadée que non, ça n’irait pas mieux le lendemain.

Mais si. Je vous jure qu’avec juste 3h de sommeil d’affilée (car j’ai bien sûr fini par sombrer), on voit les choses différemment. Je me suis levée avec la volonté de me rebooster et de m’accrocher.

Cela peut paraître tout bête, mais depuis la naissance de Charlie, 4 jours auparavant, j’avais voulu assurer jour et nuit, voulant ménager au maximum Aurore pour qu’elle se repose. Je crois qu’inconsciemment, comme j’avais désiré cet enfant et l’avais réclamé depuis des années, je ne voulais surtout pas qu’elle regrette de m’avoir suivie. Du coup, je me levais dès qu’il fallait pour m’occuper de Charlie, je restais en perpétuelle activité, voulant assurer à 100% et ne pas me reposer. Je me sentais sale, malgré les douches, je ne faisais pas l’effort de m’habiller etc., j’étais pleinement en train de m’occuper de Charlie. Mais mon corps a lâché.

Ce matin donc, après cette “nuit de trop”, j’ai repris courage, j’ai pris une bonne douche, j’ai mis une robe, et me suis promis d’essayer de me reposer à chaque minute qui s’offrirait à moi. Mais restait le problème de l’allaitement. J’avais beaucoup, beaucoup de lait, mais impossible physiquement pour moi de donner le sein.

Les sage-femmes m’ont proposé de rester une journée supplémentaire (j’ai crié : “Ouiiiiiii !”), et d’essayer de tirer mon lait avec une machine et de lui donner au biberon. Ainsi, plus de douleur et Charlie sera nourrie avec mon lait maternel.

Ca m’a sauvé la vie. Je tirais mon lait, le conservais au réfrigérateur, et pouvais lui donner au biberon le moment venu, ou encore proposer à Aurore de le faire et donc de me reposer pendant ce temps.

Ce rythme a très bien fonctionné pendant les 15 premiers jours. Mais un matin, à la maison, je me suis levée avec de la fièvre, des douleurs et le sein gauche qui avait doublé de volume, avec une grosse plaque violette dessus, très très douloureux, et plus du tout de lait ! Paniquées, nous sommes allées aux urgences et on m’a dit que je faisais une lymphangite, c’est-à-dire un oedème d’eau et de lait. Pour soigner : le repos ! Facile à dire… Pendant 48h, j’ai dormi au maximum, mais cela a clairement atteint mon moral. Toute ma famille était présente pour la journée, et j’étais totalement HS, avec en prime une chaleur étouffante. Au bout de deux jours, tout est presque revenu à la normale. Je suis juste d’un coup passée à un état de stress permanent que ça revienne et que je n’ai plus de lait pour mon bébé.

Quelques semaines sont passées et si mon “débit” de lait a clairement diminué, je me sentais à nouveau mieux, et j’ai pu continuer de tirer mon lait avec une machine et le donner au biberon. Dès que je le pouvais, je le congelais aussi pour avoir du stock en cas de nouvelle infection.

Et ça n’a pas loupé. Lorsqu’Aurore a dû retourner travailler à Paris et que je me suis retrouvée seule avec Charlie pendant 4 jours sous la canicule, j’ai tout de suite refait une lymphangite. Je commençais à être épuisée et déprimée de cet allaitement qui ne se passait pas bien.

Je n’arrivais pas à accepter qu’il était peut-être temps d’arrêter. Heureusement, certaines de mes amies ont été très présentes et encourageantes, me déculpabilisant et m’incitant avant tout à faire ce qui était bon pour moi.

Car il s’agissait de me sentir bien et pas de vivre cet allaitement comme un calvaire. Mais je culpabilisais réellement d’arrêter d’allaiter. Car on nous rabâche sans arrêt que le lait maternel est le meilleur pour notre enfant.

J’ai finalement craqué un jour, et j’en ai parlé avec Aurore, car je voulais que cette décision soit prise à deux. Elle pensait comme moi, qu’évidemment dans l’idéal le lait maternel est le meilleur pour un bébé, mais qu’il fallait avant tout que je vive cette expérience de manière positive et non dans la douleur.

Nous nous sommes lancées, et nous avons acheté du lait maternisé ! Non sans larmes de mon côté, mais j’ai ressenti un immense soulagement.

En quelques jours, je me délestais de toutes mes angoisses. Je récupérais mon corps aussi. Car cela faisait partie de mon mal-être. Ma poitrine était énorme, je n’en pouvais plus des soutiens-gorge d’allaitement, des montées de lait, des tâches, de cette odeur de lait permanente que je pensais dégager. Ma poitrine est revenue à sa taille normale, j’ai récupéré mon énergie, je me suis sentie réellement “libérée”.

Nous avons mis du temps pour trouver le lait qui convient à Charlie, car elle est intolérante au lactose (elle souffrait déjà de coliques avec mon lait), mais je crois que nous avons presque trouvé la bonne formule pour tout le monde, enfin ! Elle boit aujourd’hui un lait sans lait de vache, sans lactose.

Comme j’avais congelé beaucoup de lait maternel pendant la période de l’allaitement, j’en ai fait don au lactarium de Bordeaux. Car oui, tout comme le don de sang, on peut offrir son lait maternel ! On ne communique pas du tout dessus et c’est bien dommage, car des centaines de grands prématurés ont besoin de lait maternel et les services pédiatriques des hôpitaux manquent cruellement de stock. Pour donner son lait, rien de plus simple, il faut contacter un lactarium près de chez vous, et une personne collectrice vient à votre domicile récupérer le lait que vous aurez congelé dans des petites poches. J’ai pu donner près d’un litre de lait, ce qui est beaucoup car les prématurés ne boivent que 10ml par-ci par-là.

Aujourd’hui, je me sens déculpabilisée sur le sujet de l’allaitement. Charlie a bu mon lait pendant près d’un mois et demi. J’aurai aimé prolonger cette expérience bien plus longtemps, mais mon corps n’a pas pu, et j’ai dû l’accepter. Je tenterai à nouveau l’expérience si nous avons d’autres enfants, je ne perds pas espoir ! Mais aujourd’hui j’ai appris à me déculpabiliser, à sortir de ces discours pro-allaitement que l’on nous rabâche au quotidien. Car la solution idéale, ce n’est pas l’allaitement maternel, c’est une situation où la mère ET l’enfant sont heureux.

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N’hésitez pas à me partager VOTRE expérience de l’allaitement 🙂

Merci de m’avoir lue et bonne semaine !

MC

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