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L’IMPAIR : Chapitre #16

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L’homophobie ordinaire fait aussi des ravages dans les milieux professionnels. Si je n’ai jamais vécu de situation de rejet direct à cause de ma relation dans mon travail, j’ai tout de même vécu une situation “surprenante” il y a quelques années…

En 2013, après avoir quitté le monde de la télévision, je recherchais un emploi en production, mais plus administratif. Après avoir répondu à une annonce sur internet, j’ai été convoquée pour un entretien d’embauche à un poste d’assistante de production Fonction que je n’avais jamais occupée jusque-là mais dont je rêvais.

Lors de l’entretien, j’ai d’abord été surprise par le nombre de questions sur ma vie personnelle : que font vos parents dans la vie ? Etes-vous en couple ? Souhaitez-vous avoir des enfants ? Si oui, dans combien de temps ? Etes-vous propriétaire de votre appartement ou locataire… ? Bref, le contact étant bon avec l’employeur, j’ai répondu naturellement à tout, ne voulant pas mettre en péril ma candidature, même si j’avais pleinement conscience que cela n’avait rien de très légal.

A chaque question de type “Vous avez acheté un appartement avec votre conjoint ?”, ou “Que fait votre compagnon dans la vie ?”, j’ai à chaque fois répondu : “Ma compagne fait tel métier… Avec ma conjointe nous vivons….”. Je ne me voyais en aucun cas répondre “Mon conjoint”, alors que ce n’était pas le cas. Parce que j’étais très à l’aise avec le fait d’être avec une femme, car je n’envisageais même pas une seconde que cela puisse jouer dans ma candidature et enfin car je ne me voyais pas commencer une collaboration professionnelle sur un mensonge. Il a fallu quelques réponses de ce type et j’ai vu dans les yeux de mon employeur qu’il avait compris.

L’entretien s’est très bien passé et je suis rentrée chez moi avec la conviction que je serai embauchée.

Ce ne fut pas le cas.

Restant sans nouvelles, je les ai appelés quelques jours après et l’employeur m’a expliqué qu’ils avaient embauché une autre jeune femme que moi qui avait plus d’expérience à ce poste.

J’ai trouvé cela tout à fait normal, car je n’avais pas d’expérience et j’ai accepté la décision. Je continuais donc mes recherches.

Quelques mois plus tard, j’ai été rappelée par cette société. La responsable de production (que j’aurai dû assister) m’a expliqué que la personne embauchée initialement quittait d’un commun accord son poste à la fin de sa période d’essai et qu’ils souhaitaient donc me proposer la place.

J’étais heureuse et stressée, mais j’ai accepté évidemment. J’entrais donc dans la société.

Les premiers jours, j’ai été “formée” par la jeune femme qui avait été embauchée et qui quittait le poste. Un temps de relai important pour moi qui n’avait aucune expérience. Elle était très sympathique, très masculine, avec un fort caractère et sans aucun doute : homosexuelle. Cela se voyait, je le savais juste en la regardant (même si il ne faut pas se fier aux apparences, j’en conviens). Mes collègues me le confirmeront très vite par la suite, elle était en couple avec une femme depuis longtemps.

Peut-être six mois plus tard, lors d’une soirée avec mes collègue, au cours d’une discussion quelconque, la responsable de production que j’assistais depuis, m’a annoncé les vrais raisons de mon recalage au départ.

Il ne s’agissait pas “que” de mon manque d’expérience.

Lors de l’entretien d’embauche, ils avaient donc bien compris le message que je transmettais par mes réponses sur mon homosexualité., car je ne m’en étais pas cachée.

L’autre jeune femme, elle, n’a pas du tout donné cette information. Elle a répondu à chaque question sur sa vie privée, mais en parlant de “compagnon”. Cela se voyait qu’elle était avec une femme, mais elle a préféré apparemment le cacher lors de cet entretien d’embauche. Moi, non.

Le hasard a donc fait que les deux personnes en tête pour obtenir cette place étaient homosexuelles. Et chacune avec une manière différente de l’aborder.

Comme ils n’arrivaient pas à faire un choix purement professionnel entre nos deux profils, ils se sont décidés sur un critère étonnant.

Puisque j’avouais clairement mon homosexualité, cela en disait long sur mon caractère. En cas de problème quelconque avec eux, je serai susceptible de vouloir les attaquer en justice sur ce point et “les faire chier à cause de ça”. Ils prenaient selon eux un risque avec moi, car je clamais trop mon orientation sexuelle, et que je pourrais vouloir en faire une arme contre eux un jour.

Alors que l’autre fille, n’assumant déjà pas à un entretien d’embauche sa sexualité, ne leur poserait pas de problème.

Lorsque ma responsable a terminé ce récit, j’étais scotchée. Cette histoire était-elle vraie? Je n’en ai pas la preuve, mais elle ne pouvait pas l’avoir inventée. C’était la réalité, aussi absurde qu’elle soit.

Voilà ce qui a décidé de mon emploi ou non. C’est incroyable car on pourrait penser que l’homophobie ordinaire dans le milieu professionnel se traduirait plutôt par le fait de ne pas vouloir embaucher quelqu’un d’homosexuel. Mais ici ils se sont trouvés face à deux personnalités et ont fait le choix de la personne qui ne l’assume pas, mais pour laquelle cela se voyait dans l’attitude, alors que moi, j’assumais, mais cela ne se voyait pas. Je ne sais pas si on peut parler d’homophobie. Je connais maintenant très bien ces personnes et je sais qu’elles n’ont pas ce type de pensée, mais face à une situation de choix, elles ont fait le plus facile, le moins dangereux, celui du mensonge.

 
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J’espère que ce (court) chapitre vous aura plu ! La suite arrive très vite !

Merci de m’avoir lue ❤

MC

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