La fausse couche. Je voulais vous raconter ici mon expérience et répondre ainsi à une question que je reçois souvent : comment traverser cette tempête et repartir ? Il y a bientôt 3 ans, nous avions déjà notre 1ère fille Charlie et avons souhaité agrandir la famille. Je repartais en guerre dans un parcours de PMA compliqué. Après 3 échecs, je suis tombée enceinte. Je l'ai su dès le moment de l'insémination que cet essai était le bon. Le test de grossesse positif le jour de notre anniversaire de mariage, tout était parfait. Très vite, mon ventre s'est arrondi, j'étais enceinte de 3 mois et si heureuse ! En août, à quelques jours de mon échographie de 1er trimestre, j'ai eu quelques saignements. Rien d'alarmant mais j'ai préféré filer à l'hôpital. Les médecins m'ont annoncé que le coeur de notre bébé s'était arrêté environ 3 semaines auparavant. Cette phrase me hante. De ne pas avoir senti qu'il me quittait, de ne pas avoir eu cette intuition 3 semaines plus tôt. Et surtout de ne pas lui avoir dit adieu à ce moment-là. Le choc psychologique a été tel que j'ai fait une fausse couche naturelle le jour-même. Ce qui est dur dans cette épreuve, c'est la solitude immense dans laquelle on est plongée. Aurore était là, mes amies et ma famille aussi. Mais je me sentais atrocement seule, fasse à un deuil douloureux auquel on ne nous prépare pas. Je n'acceptais pas cette situation. Pas après avoir galéré depuis 1 an à tomber enceinte. C'est d'ailleurs une des premières choses que j'ai dites au médecin qui m'a annoncé la nouvelle "Non, non, je ne veux pas y retourner. Je ne veux pas." Je parlais de la PMA. Je n'avais pas la force. Mon corps et mon coeur étaient en souffrance. Des douleurs partout, une fatigue immense, j'étais... éteinte. Ce qui m'a beaucoup aidée dans cette épreuve, ce qui m'a permis de retourner au combat, ce sont ces petites choses : - aller voir une psychologue spécialisée en EMDR qui m'a permis de pleurer mon enfant et de lui dire adieu. - de ne pas écouter les gens qui m'ont dit : "mais c'est hyper fréquent, des millions de femmes en ont fait." ou encore "attends, laisse passer 1 an avant d'y retourner" ou "3 mois ça va, ce n'est pas aussi grave que les fausse couches plus tardives" ou "c'est qu'il n'était pas viable, ce n'est pas plus mal, c'est la nature..."
ou "tu as déjà un enfant, pense aux parents qui n'arrivent même pas à en avoir un !" Oui c'est vrai que c'est fréquent et on en parle trop peu. Mais je trouve qu'on ne parle surtout pas beaucoup de la souffrance de certaines qui traversent cela. Que la banalité ne rend pas cela moins grave. Que certaines femmes passent à autre chose très vite, d'autres non, qu'elles soient enceintes de 2 semaines ou 6 mois, qu'elles aient déjà 4 enfants ou pas. - j'y suis retournée 3 mois après, quand j'ai senti que j'avais la force. Je suis tombée enceinte et nous avons accueilli notre petit amour Billie. Je suis passée par toutes les étapes du deuil et je ne suis plus en souffrance aujourd'hui. Mais je berce Billie le soir avec une chanson que je lui ai écrite qui se termine par "quel bonheur pour moi de sentir ton coeur qui bat". Et à chaque fois, je pense à lui et je mesure la chance d'être mère.
Alors à celles qui passent ou sont passées par là, je vous envoie plein d'amour, je vous dis que la douleur s'apaise et qu'il ne faut pas s'excuser de souffrir ou de ne pas souffrir de ce qu'il se passe. Que oui, lorsqu'on retombe enceinte après, on y pense beaucoup et on vit la grossesse moins sereinement au début, mais ça passe. Tout passe et s'apaise.
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